Le département du Jura.

Le loup dans le Jura.
Le Jura des ours.
Le cyclone de 1890.
Les tables Jurassiennes du temps jadis.
Le Jura en bref
L'économie
Le Domaine de Chalain
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Le loup dans le Jura.

Une recherche du Progès de Lyon, dans la presse locale parue au début de ce siècle, ( les titres sont peu nombreux, << Le petit Salinois >> et << Le Patriote Morézien >>); nous fait part de la présence des loups dans le Jura...

A Champagnole, on dit que c'est vers 1905 qu'on abattit le dernier. Pourtant, Jahier, un jardinier de Poligny eut à composer avec deux individus << de belle taille >> en Mars 1907. Cela se passait dans les bois de Montrond, alors qu'il conduisait une voiture de légumes vers le marché de Champagnole. La guerre de 14, comme toutes ces périodes où les malheurs semblent s'additionner, vit un certain renouvelement des populations. Mais l'ambiance, une forme latente de psychose, peut, en l'absence de statistique, justifier cette recrudescence.

A la ferme de la Chancelle, à Treffay, on observa des loups, lors d'un de ces hivers guerriers. L'un d'eux était même juché sur le tas de fumier, au milieu de la cour.

A l'origine, le loup était un animal de la steppe plutôt que de la forêt. Cette remarque se trouve confirmée par la nature des lieudits, qui ont préservé leurs souvenirs. Ce sont des orées de forêt comme Gratteloup à Champagnole, des zones de présbois comme la Combe-au-loup sur Longcochon, à Bief-des-Maisons, à Combette-au Loup vers Sirop ou les Crivaloups à Pont-du-Navoy. Ce sont bien entendu toujours des lieux éloignés des villages. André Besson, dans << Une fille de la forêt >> dit qu'ils pullulaient entre 1915 et 1935 en forêt de Chaux. Même dans la montagne, leurs traces se décèlent encore dans ces immenses caniveaux arborés, aux couverts caduques. Les chênaies clairsemées, comme les Moidons, sur les plateaux ou plus haut, les hêtraies d'altitude, telle la Haute-Joux des siècles derniers. C'est à ce type de définition que répondent les vastes zones semi-forestières, installées sur le calcaire entre Crans, Chalesmes, la Perrera. Parmis des ruines d'une de ces fermes isolée jadis nombreuses, l'ombre du loup est encore perceptible.

La grange-Brûlée portait déja ce nom avant qu'elle ne soit détruite par un incendie vers 1920. Au pied d'un pan de mur, une vague excavation offre aux orties une pratique basse de colonisation. C'était à l'origine, une fosse-piège. Un trou, au moins 3,50 m de profondeur, était pratiqué dans le sol. L'ouverture mesurait 2 m de circonférence. Elle était plus large encore en bas car le loup possède une telle détente qu'il était capable de s'en sortir si les paroies avaient été verticales. Le piège était masqué par de légères branches de noisetier, recouvertes de mousse. Un appât était fixé à proximité. Ce type de piège était utilisé généralement en forêt. Le fait de le trouver près d'une ferme indique sûrement que les occupants eurent à entendre certains soirs, de sinistres et proches hurlements.

Plus on remonte le temps, plus l'omniprésence des carnassiers freine l'occupation spaciale. Les vastes étendues restent encore mal dominées par l'homme. Les villages sont mal reliés, les chemins demeurent embryonnaires. Même sur les axes importants, on aborde certains points accidentés avec circonspection. La Gorge-au-Loup, sous Monnet-la -Ville est une échancrure en bord de plateau. La 471 l'utilise commodément pour unir la cuvette alluviale de l'Ain et le grande plaine sèche de Millerie. On imagine sans mal les grands loups << majors >> hurler à l'infinie, sans contrainte, face à la Combe-d'Ain largement étalée.

Au 16 ième siècle, l'Heute était parcourue par des hordes de loups. << Les cahiers de doléances >> d'Orgelet traitent, le sujet : << la province étant infèstée de loups qui attaquent souvent la vie des hâbitants et de surplus qui dévorent et détruisent continuellement leurs récoltes >>.

Ce sont les bergers, qui était<< professionnellent >> les plus exposés. Les deus fils de Jean-Denis Chottez de Besain gardaient des porcs près du village en 1767. Un loup tue l'un d'eux. A Fay, un fauve attaque la fille de Pierre Nachon, assise devant sa maison en cette même fin de 18 ième siècle. C'est vers cette même époque que le curé de Ney fut violement attaqué entre ce village et Champagnole. Les bovins égorgés, les moutons bien entendu, ne se comptent pas. Pratiquement tous les villages sont cités. C'est fréquent pour Champagnole , aux Louataux, en Gratteloup. Ces lieudits alors fort éloignés de la ville, possèdent aujourd'hui chacun leur école. Mais c'était surtout le fait qu'ils se trouvaient à l'ouest de la bourgade et par conséquent adossés aux grands massifs forestiers qui les vulnérabilisaient ainsi. On disait qu'un loup aperçu à l'orée du bois de Sapois, pouvait aller en Russie sans sortir du couvert.

Crotenay possède un curieux << Cul du Chêne-Loup >>, la toponymie moderne, chaste et pudique, a effacé la particularité anatomique initiale. Il reste la rue du Chêne -Loup. Les érudits locaux expliquent la bizarre association végétal-animal à partir du tronc d'un chêne abattu. Loups-garous et sorcières se seraient servis de ce corps mort pour ce rendre, enduits de graisse, au sabbat.

Quoiqu'il en soit, et malgré le trou béant laissé dans la mémoire collective par la disparition des ultimes générations ayant connu directement le phénomène, il est facile de reconstituer l'ambiance. Sans remonter jusqu'au Moyen-Age et à la fameuse mini époque glaciaire, de 1342-1950, qui vit, paraît-il une invasion généralisée, on trouve facilement dans le Jura de quoi alimenter les veillées. Combien, à la lueur hésitante de l'âtre, ont tremblé en écoutant les terrifiants récits de la bête de la Gargaille ?

Il a fallut 130 chasseurs et 200 traqueurs pour venir à bout de ce loup énorme qui sema la mort vers Dompierre, Alièze et Marnézia en 1819. Combien encore on suivit, dans la paleur tremblotante d'une lampe à pétrole, le terrible périple du loup de Villers-Farlay ? Seize personnes succombèrent, certains par la rage contactée avec les morsures, d'autres de la ...jaunisse, lors d'un raid, sanglant, de Villers-Farlay à Mouchard.

Car la peur du loup se doublait encore des conséquences dramatiques que pouvait entraîner une morsure même bénigne. Et on ne parle pas des loups-garous...

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Le Jura des ours.

Il n'en resterait qu'une poignée dans les Pyrénées, mois d'un millier en Europe. L'ours fit partie du paysage Jurassien jusqu'au milieu du XIX ième siècle. Son mode d'existence, au plus profond des forêts a marqué durablement son territoire...

Son extinction semble avoir été rapide. Au début du XIX ième siècle, la rencontre d'un ours dans le haut Jura n'était pas encore un évènement. Puis à partir de 1830, le fait commence a être mentionné. Le 8 février 1845 deux spécimens de grandes tailles sont aperçus vers le col de La Faucille. On leur attribue une origine alpine. Ce qui semble indiquer, qu'effectivement l'animal n'habite plus, normalement le Jura.

Nul territoire pourtant n'apparaît mieux adapté que la hêtraie sapinière d'altitude, aux ébats des grands ursidés. Leur musc puissant d'ailleurs reste durablement imprégné dans certaies falaises calcaires. Pourtant, jamais à l'image des effrayants récits rupestres, mille fois narrés dans l'ambiance permissive de veillées, la << peur de l'ours >> n'a hanté de juvéniles sommeils. La bête est plutôt sympathique. Son régime alimentaire, omnivore, végétarien à 75 % y est sûrement pour quelque chose. Et puis, il y a l'ourson...Dans cerains cas, la bête fut même sacralisée. On a retrouvé des coffres de pierre soigneusement recouverts d'une dalle plate contnant un crâne d'ours. Ils furent datés de l'âge de pierre. Et puis évidemment, on devine sa silhouette gravée, peinte à l'ocre, schématisée ou au trait noir dans moult cavernes préhistoriques. Chez nous, c'est aux Nans, dans les grottes de Ladoye que la rencontre fut palpable, un temps au moins...

En 1895, les spéléologues Renault et Vire accompagnés du curé des Nans, pénétrent lors d'une sècheresse au-delà du siphon qui rend hermétique la grotte. A 320 mètres de l'entrée, ils découvrent de nombreux ossements d'ours des cavernes affleurant en surface. Depuis la grotte a été soigneusement pillée, mais l'histoire des Ursus spéleus a été reconstituée. A la << fin des faines >> qui marque l'entrée en hibernation, une bande d'ours pénétra vers le creux Boudet, au-dessus de Mournans, dans le vaste réseau karstique qui alimente les sources de la Doye. Dans l'hiver, un éboulement emprisonna définitivement les plantigrades. Cette tragédie se déroule voici plusieurs milliers d'années quand le grand ours des cavernes hantait nos montagnes. Ilest singulier de constater qu'ours est parallèlement le sobriquet servant à désigner les natifs des Nans. Cette appellation est pluriséculaire. Elle a précédé de bien loin la révélation dans un sol aussi pré-imprégné d'authentiques plantigrades...

En 1968, les spéléologues du Risoux-Mont-Noir de Mouthe emmenés par leur instructeur Arsène Letoublon, exploraient systématiquement les gouffres des confins Doubs-Jura. A 1200 mètres d'altitude, dans la haute Joux au-dessus de Cerniébaud, ils se penchèrent sur un vaste entonnoir proche du creux de l'Enfer. Celui-ci était obstruéà 15 mètres de profondeur. Quelques travaux de dérochement donnèrent accès à des cavités inférieures. Au fond, gisaient deux énormes scelettes d'ours adultes avec à leurs cotés, les restes d'un mort-né. Ceux-ci étant de l'epèce Artos.

C'était un volumineux ours brun. La tête du plus gros, par exemple, mesure 42 centimètres de long. Il peut s'agir d'une sous-espèce assurant la transition entre les anciens ours des cavernes et le prosaïque ours brun. La fin de ce trio fut aussi un scénario catastrophe. Le gouffre est proche de la lèvre supérieure d'une petite falaise. Il est probable qu'à l'origine, un conduit, au pied de la barre rocheuse, donnait accès directement aux cavités internes. Là encore, un éboulemment hivernal semble avoir condamné à mort le couple endormi...

On a même retrouvé près de La Chaux-de-Fond en Suisse, une extraordinaire et tragique parti de chasse. Au fond d'une petite grotte, gisaient pêle-mêle, les vestiges osseux d'un ours et d'un homme. L'examen attentif du squelette animal montra un défaut de l'épaule, l'impact d'une pointe d flèche ou de lance en silex. Il semble que l'animal blessé ait trouvé refuge dans l'antre ou l'homme le suivit. La confrontation finale fut fatale à l'un comme à l'autre.

Souvent les scientifiques se sont insurgés contre le pillage des grottes à ours. Plusieures fois, ils ont dû intervenir en fouilles de sauvetage pour préserver ce qu'il restait de ces << gisements martyrs >>. Ce fut le cas, dans le Doubs à Gondenans, à Casamène, à Echenoz. La disparition de l'ours brun dans nos régions fut inéluctable à partir du moment ou les armes à feu permirent de les atteindre à distance. Mais la cohabitation territoriale fut toujours difficile. La quête du trophée, la fameuse << peau de l'ours >> dut jouer un rôle fort négatif. Mais le fait n'est pas nouveau. L'histoire a conservé le souvenir de << jeux >> organisés dans un cirque romain par Caligula. Il opposa 400 ours à de gros chiens et à des gladiateurs. Mais c'est probablement la en période hivernale qui vint à bout de la patience des ursidés engourdis. Un réveil intempestif au coeur de l'hiver ne causera pas de désordre organique important. Mais point trop n'en faut...

C'est la microtoponymie qui aujourd'hui ravive nos mémoires. Il n'y a guère de communes qui n'ont pas quelque part dans leurs cadastres une référence à l'ours. A l'échelle départementale, le hameau d'Orcières, à Longchaumois, parle à mots couverts du grand plantigrade. Peut-être doit-on chercher aussi son nom gaulois (arto) dans Arthenas ? Mais les occurences se multiplient lorsqu'il sagit de lieu-dit. On en connaît beaucoup dans la petite montagne. L'oursière, la plus évocatrice peut-êrte se trouve dans l'immense forêt d'Arinthod. Chatelneuf a sa combe à l'ours au coeur des grands bois, en plein pays des lacs. Il existe une caveà l'ours aux Pasquiers-Petetin dans le Mont-Noir, dominant Foncine-le-Haut. En 1990 on y découvrit entre autres, un squelette...d'auroch. On en trouve une autre au Baume à l'ours à Foncine-le-Bas en face de Sange Renaud. Elle est à present squattée par des renards. On en connaît une autre dans les bois de Cornu, au nord de Chaux-des-Crotenay...

On dit que l'ours de sable, menaçant un sapin au naturel qui s'ajoute, sur le blason de Nozeroy aux couleurs des Chalons << de gueule à la bande d'or >> ne serait là qu'en souvenir de la résistance comtoise face aux progrès de l'hérésie prêchée par les Bernois. Il y est en tout cas depuis le XVI ième siècle...Quand il y avait encore des ours...

Source: Le Progrès du 13/08/2000 . Article de C. Thevenin

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Le cyclone de 1890.

D'Oyonnax en Suisse via Saint-Claude la tornade express détruit tout sur 150 km...

En cette fin de vacances, où se produisent généralement les derniers jours de forte chaleur qu'apprécient vacanciers et agriculteurs, les orages locaux font également souvent leur apparition avec des conséquences parfois bénéfiques mais malheureusement aussi des résultats catastrophiques sur les biens, les bêtes et les personnes. Il arrive même, tout à fait exceptionnellement dans nos régions, que ces orages dégénèrent et prennent alors des allures de tornade, voir même de cyclone.

Peu de personnes se souviennent aujourd'hui de ce qui se passa le mardi 19 Août 1890...

Au départ d'Oyonnax : Ce jour là, le ciel était noir d'encre, la chaleur accablante sans un souffle d'air. Vers 19 heures, le vent se lève venant du sud et draine d'énormes gouttes de pluie, puis brutalement c'est la tornade : un souffle d'une violence démesurée qui courbe les arbres, casse d'énormes branches, arrache des volets, des tuiles, des tôles, abat quelques cheminées dans un puissant ronflement. En ville chacun se calfeutre chez soi, la peur au ventre.

Une minute après tout est terminé; le calme atmosphérique est revenu dans un ciel serein. Les Oyonnaxiens se précipitent dans les rues et mesurent les dégats : ils sont relativement peu importants en ville, mais à l'est et à l'ouest les forêts sur les pentes de Nierme et de Geovresset présentent un aspect pour le moins inhabituel : des lignes de sapins ont été étêtées, cassées, dépouillées de leurs branches dans un secteur et suivant une direction bien précise. Ce n'est que le lendemain et les jours suivants que les Oyonnaxiens apprendront l'ampleur du sinistre qui est parti de chez eux...

L'ouragan en question : Il semble parti du Moulin Gruet au sud-ouest de Bellignat tout d'un coup comme une explosion et, brutalement, il a pris la direction nord-est à une vitesse de translation estimée à 1 km à la minute ( 60 km/h ) . La largeur de la zone dévastée est très variable: 2 à 3 km de la naissance vers Oyonnax, 1 km dans le secteur de Viry, 800 mètres à Saint-Claude, plusieurs kimomètres en Suisse où, après une course rageuse de 150 km linéaires, l'ouragan s'est finalement apaisé devant la ville d'Aarrau après le lac de Neuchâtel...

Les commentaires scientifiques ont tenté d'expliquer ce phénomène : les journées des 16, 17, et 18 Août avaient été particulierement chaudes sur notre région, où affleure en maints endroits la roche nue qui, surchauffée, a provoqué un très violent courant d'air ascensionnel remplacé aussitôt par un courant descendant frais provenant du courant aérien soufflant vers le nord-est. Cette aspiration de l'air chaud du sol conjugé avec ce courant descendant a provoqué un mouvement giratoire violent comme celui d'un typhon qui a pris dans son tourbillon tout ce qui se trouvait sur son passage.

Partie d'Oyonnax à 19 h 15, la tornade arrivait à 19 h 40 à Saint-Claude, à 19 h 55 aux Rousses ( heure d'arrêt des horloges publiques ) . En 40 secondes, elle avait ravagé Saint-Claude mais sévissait en Suisse de 8 à 10 minutes, diminuant cependant d'intensité au fur et à mesure que sa largeur augmentait. A l'interieur de la zone soufflée, c'était un déchainement d'éclairs, de crépitements, d'explosions, de coups sourds comme des explosions d'obus, de tourbillons de poussière, alors qu'en bordure tombait une pluie diluvienne. Par la suite, les exagérations populaires ont évoqué des boules de feu, des odeurs de soufre, des mobiliers retrouvés chez les voisins, des personnes disparues enlevées dans les airs...

Un lourd bilan : En fait, la réalité est déja très lourde; à Viry, la plupart des toitures ont été emportées; le mobilier du curé transporté très loin dans la campagne, les fermes isolées détruites. Ranchette et Larrivoire sont sinistrées à 100 %. A Cinquétral, des fermes se sont écroulées écrasant du bétail; plusieurs hameaux de Longchaumois ne sont plus que des décombes. Aux Arcets ( hameau de Prémanon ), berceau de la lunetterie, il ne reste ni une maison, ni un arbre debout. Aux Rousses, l'église, le couvent, les maisons du hameau du Vivier près du lac ont subi de graves dommages. A Bois-d'Amont, la foudre est tombée mettant le feu à un groupe d'habitations; des toitures démembrées gisent à plusieures centaines de mètres. En Suisse, même dégâts et les vignobles complètement arrachés.

Mais c'est Saint-Claude qui a le plus souffert. Plus de 20 maisons sont complètement détruites; le grand pont suspendu est tordu, son tablier a été emporté; des pignons de bâtiments sont éventrés, des balcons gisent dans les rues où l'on circule sur des amas de tuiles brisées, des volets démantelés, des cheminées éclatées. La barrière de fonte du pont de pierre a été arrachée, les clochetons de la cathédrale emportés, les arbres de la place du Pré brisés ou déracinés; le mur d'enceinte du tribunal renversé, la gare de marchandises complètement détruite; une grue de 25 tonnes poussée et soulevée de terre avant de s'abattre désarticulée. Les plaques de zing des toitures sont enroulées et tordues; des serrures, des ferrures sont arrachées des portes; les arbres, les branches qui gisent à terre sont roussis et dépouillées de leurs feuilles; presque partout les vitres ont été brisées, des plafonds se sont écroulés; les murs montrent d'inquiètantes lézardes; la plupart des enseignes des commerçants ont été emportées par l'ouragan qui a déplacé des voitures dans les rues, éparpillé les étalages, des caisses, des tas de bois.

Un voyageur écrit : << En arrivant nous crûmes voir une place de guerre qui venait de subir pendant plusieurs mois le feu de l'ennemi >>.

Tous les observateurs sont unanimes; plus que la violence, linéaire de la tourmente, ce sont les trombes giratoires qui ont provoqué la majorité des dégâts. Et cependant la vitesse du vent était telle que des objets de Saint-Claude, linges, papiers, débris divers ont été retrouvés à Malbuisson, près du lac de Saint-Point, alors que les arbres déracinés ou étêtés se chiffraient par centaines de mille. La tornade aurait finalement fait cinq victimes, alors que plusieurs personnes témoignent avoir été arrachées de terre par le vent et transportées plusieurs mètres plus loin, plaquées brutalement au sol ou contre les façades des maisons...

Ce fut un véritable typhon d'une brutalité sans égale, qui s'abattit ce jour là sur cette étroite bande de territoire Jurassien. Mais la solidarité magnifiquement ancrée au coeur des montagnards joua aussitôt la tornade passée; les secours s'organisèrent dans Saint-Claude en effervescence et l'Etat, le département, les communes, les oeuvres privées vinrent rapidement et efficacement en aide aux sinistrés...

Ceci explique peut-être qu'aujourd'hui, 111 ans après, bien peu de personnes aient entendu parler de cette extraordinaire journée du 19 Août 1890, où en moins d'une minute le ciel s'abattit sur la tête de nos ancêtres...

Source :Le Progrès de : 1995. Article de Roger Pansard.

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Les tables Jurassiennes du temps jadis.

La cuisine Jurassienne d'antan ? Comme partout ailleurs et qu'il soit << montagnard >> ou << ventre jaune >>, le paysan se contentait le plus souvent des légumes de son jardin : la viande n'apparaissait qu'une fois par semaine, la volaille seulement les jours de fête, gibiers et poissons restant quand à eux fonction des hasards du braconnage, puis de la chasse et de la pêche.

A bons produits, bonne cuisine...

Jusqu'au début du vingtième siècle cependant, la soupe ou les bouillies de millet et de maïs ( gaudes ) formaient le quotidien de la plupart de nos ancêtres. Mais attention, car l'art des gaudes est difficile ! Il ne faut pas les remuer lorsqu'elles mijotent : une peau doit se former, d'où le dicton << Chercher à mettre la peau sur les gaudes >> ( chercher à réparer l'irréparable ).

Mais n'en concluons pas pour autant que la cuisine Comtoise était morne et insipide ! La qualité des produits employés et, bien sùr, l'imagination, contribuèrent à l'élaboration d'une table riche, variée et gourmande, même dans ses expressions les plus humbles : un matefaim au comté servi avec un cresson de fontaine et un morceau de coti n'a rien à envier à la pourtant sublime poularde au vin jaune et aux morilles ! Dans les viandes, le porc occupe une place de choix puisqu'il est à l'origine des salaisons- un savoir faire hérité des Gaulois ! Aujourd'hui encore, la technique du salé-séché-fumé est encore bien vivace en Comté.

Et avec ça ?

Autre viande traditionnelle: la chèvre salée au sec, puis par immersion dans la saumure. Extrêmement fin, délicieux même en pot-au-feu, ce mets peut encore se déguster de nos jours - essentiellement dans la région de Morez, Saint-Claude et la région de Moirans, bien sûr !

Parmi les fleurons culinaires : les fromages avec le << Vacherin façon gruyère >> qui deviendra le Comté et parmis les << jeunots >> la célèbre pâte à tartiner commercialisée par les fromageries Bel depuis 1921. Pour accompagner tous ces mets ? Des vins nés des coteaux du Revermont bien sûr, chantés depuis des siècles bien au-delà de leur terroir- François Villon lui-même y alla de son petit couplet !

Recette du Ratafia aux Mûres :

Pour un bon ratafia aux mûres, il faut distraire 8 pintes ( environ 7 l ) d'eau de vie à 22 degrés de sa cave, 3 livres de mûres, 8 onces ( environ 250 g. ) de groseilles rouges, la même quantité de framboises, 8 grains de macis ( muscade ) selon goût, 1 pinte (environ 1. ) d'eau de rivière claire et fraîche et 3 livres et 8 onces ( environ 1.750 kg. ) de sucre concassé.

Egrenez les groseilles, puis les écraser avec les autres fruits, mélanger avec le macis et laissez infuser dans l'eau de vie 15 jours. Au bout de ce temps, faire fondre le sucre dans l'eau de rivière, décantez la liqueur et mélangez les préparations, puis filtrez le tout. Laissez vieillir en cave fraîche... A consommer avec modération bien sûr !

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Le Jura en bref.

Le Jura ? Un zeste de plaine, une longue bande de vignobles, quelques pincées de plateaux et une bonne dose de monts moyennement élevés mais souvent pittoresques : voici un département en trompe l'oeil, varié, divers, surprenant, qui peut tout à la fois être chaleureux ici ou sauvage par là, chauve ou dégarni là-bas, mouvementé au centre et presque insondable dans ses forêts, là haut, en bordure de la frontière Suisse.

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Pays de contraste ? Certainement. La meilleure preuve en est la variété de l'habitat traditionnel laissé par une agriculture qui, ici comme ailleurs, subit des transformations importantes depuis des décennies. Département très agricole d'où émergeaient seules quelques activités artisanales du bois, l'hiver, dans les villages de la partie haute, le Jura a produit des fermes variées : de la maison bressane où le torchis et colombage l'emportent, aux amples fermes en pierre de la haute chaîne où l'on pouvait vivre six mois d'hiver en autarcie, en passant par les maisons vigneronnes à perron du Revermont.

Disons plutôt, pays de diversité. Car, si le Jura semble au premier abord un puzzle de genres, il n'en n'est pas moins aujourd'hui une entité bien assise sur son histoire, celle de la France-Comté, son art de vivre, qui offre des produits du terroir aussi incomparables que ses vins et ses fromages, sa variété de paysages, célébrant, chacun à sa façon un rapport étroit à la nature, à la faune et à la flore.

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Le Jura est tout simplement un pays où l'on chasse l'ennui et le jurassien peut tout autant passer ses loisirs à la neige et au ski de fond qu'au bords des lacs de la région de Clairvaux,

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orientée vers le couchant et idéalement chauffée par le soleil ; sans oublier le printemps ou l'automne, les forêts, les fleurs, les cascades, les vestiges : ceux de la féodalité, du monachisme, ceux du sel et de la période gallo-romaine, entre-autre.

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L'économie.

Oui, il y a plus d'une surprise. Et aujourd'hui, l'économie, qui a considérablement progressé autour des principaux pôles, de Dole, de Lons-Le-Saunier et de Saint Claude et Morez et de la chaîne des villes moyennes et petites du Revermont, est tout aussi étonnante. Dole est très tournée vers la Bourgogne. Lons-le-Saunier est le centre administratif. Mouchard, Arbois, Salins et Poligny rayonnent en plein vignoble et présentent des atouts non négligeables pour l'agro-alimentaire. En revanche, Cuiseaux, située en Saône-et-Loire se sent une âme jurassienne. Quant à Saint Claude et Morez et aux villages de la haute chaîne, ils sont le prolongement de la plastic-vallée vers Oyonnax, et fourmillent de P.M.E. actives.

Tout cela semble fonctionner comme si ce département s'était peu à peu rendu capable de prévoir les mauvaises conjonctures en proposant sa diversité comme un jeu de cartes bien fourni, avec des atouts, quelle que soient les circonstances.

Discret mais efficace, le Jura ! Tout comme son tourisme qui ne donne jamais l'impression d'être envahissant, mais fuse de partout, hiver et été, basé sur l'accueil, sur la vieille tradition d'hospitalité, le respect du visiteur, à ceci près : il ne se donne pas d'emblée, il se découvre, se déguste, se mérite.

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Mais la dernière grande nouveauté économique est l'ouverture en 1998 de l'autoroute A39 qui traverse la Bresse Jurassienne depuis la région doloise, et file vers Bourg-en-Bresse et Lyon. Voilà qui va contribuer à désenclaver un peu plus le Jura dont la position semble aujourd'hui idéale, alors que l'Europe se construit, entre plaine de Bourgogne et Suisse, pour s'ouvrir un peu plus sur le monde moderne. Le Jura n'est plus un département méconnu, accolé à une frontière. Il a désormais une position privilégiée, certes un tout petit peu à l'écart - et c'est tant mieux pour préserver son originalité et sa beauté - mais juste ce qu'il faut pour participer aux grandes décisions d'aménagement du terroir.

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Le Domaine de chalain.

Depuis 1960, le Domaine de Chalain accueille des campeurs venus de toute l'Europe pour apprécier la beauté des lacs, des forêts et des cascades du Jura. Après quarante ans d'existence, ce pôle touristique continue à drainer l'économie de la région.

Fréquenté par des châtelains, qui établirent leur résidence secondaire au centre du domaine, Chalain est le lac naturel le plus important du Jura. Formé par les glaciers de l'ère quaternaire, il s'encastre dans une reculée délimitée par Doucier au Sud, Fontenu à l'Est et Marigny au Nord. Ses forêts, qui s'étendent sur cent-dix hectares, sont protègées par l'ONF. Elles offrent aux randonneurs une ballade agréable à travers les hêtres, les marronniers et les tilleuls, dont l'un d'eux atteind les huit mètres de circonférence.

Mais Chalain est avnt tout un pôle touristique Jurassien important qui attire chaque années des milliers de campeurs, dont 70 % sont Néerlandais, Anglais ou Allemands. Le camping quatre étoiles du Domaine compte aujourd'hui 800 emplacements et son équipe d'animation propose un grand nombre d'activités : voile, plongée, pédalo, escalade ou beach-volley, la régie de Chalain s'emploie à satisfaire toutes les exigences de ses clients. Au programme, des tournois de football, cours de tir à l'arc ou encore des séances de cinéma. Toute sorte de services sont à la disposition des touristes : consultation médicales, boulangerie, buanderie, boucherie, restaurant, bar...

Les touristes sont généralement surpris par la qualité de l'eau du lac et surtout par sa température, aux alentours de 22 ° C.

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